RÉFLÉCHIR…

« Je n’aime pas qu’on dise que Poutine est un monstre, ça nous empêche de réfléchir ».

Cette phrase est attribuée à Hubert Védrine, ancien Ministre des Affaires étrangères. Je n’ai pas retrouvé la source, mais peu importe. Je pense qu’elle est juste.

Réfléchir… Est-ce vraiment le moment alors que des civils meurent en Ukraine ? Le temps n’est-il pas plutôt à l’action, à faire la guerre à Poutine ? Tant il est vrai que nous ne pouvons qu’être solidaires des ukrainiens qui défendent leur pays, comme nous l’avons fait nous-mêmes par le passé.

Réfléchir… C’est pourtant nécessaire pour se prémunir du prêt-à-penser des va-t-en-guerre. Pour mesurer les conséquences d’une entrée en guerre, ou d’une « co-belligérance », face à l’une des armées les plus puissantes du monde. D’autant plus que le conflit pourrait se terminer en guerre nucléaire. Alors que les Etats-Unis ont clairement dit qu’ils n’interviendraient pas militairement, les armées européennes ont-elles la capacité d’affronter seules la Russie ?

Réfléchir… Ça permet de ne pas jouer aux apprentis sorciers de la diplomatie. Surtout quand on ne maîtrise pas les conséquences de ses coups de mentons… Quand Bruno Lemaire menace de « guerre économique totale » la Russie, il est obligé de rétropédaler piteusement dès que l’ex-président russe Medvedev lui fait remarquer que la guerre « économique » peut se transformer en guerre « réelle »…

Réfléchir… C’est aussi, en démocratie, se méfier des décisions politiques prises dans la précipitation. Ainsi Charles Michel, Ursula Von der Leyen se font félicités de la création de l’Europe de la défense et de la livraison d’armes de guerre à l’Ukraine. Quelle est la légitimité de ces décisions ? Les élus des peuples se sont-ils prononcés ? Est-ce vraiment cela que nous voulons ? Ces décisions vont à l’encontre de la désescalade affichée. D’ailleurs les bulgares et les polonais se sont déjà opposés à la livraison d’avions à l’Ukraine.

Réfléchir… Ça peut passer pour de la froideur ou de la lâcheté alors que nous sommes forcément émus par le sort des ukrainiens. Mais, pour citer une nouvelle fois Hubert Védrine : « on n’entre pas en guerre pas comme ça, parce qu’on est ému ou bouleversé ». L’action politique ne doit pas se fonder sur l’instant, sur l’émotion mais sur la capacité à trouver des solutions tenables sur le long terme, tout en visant le cessez-le-feu le plus rapidement possible.

Réfléchir… C’est passer outre nos réactions de dégoût face à Poutine et accepter qu’il faille négocier avec lui, même si dans un monde rêvé on préfèrerait lui casser la gueule…  En tout il faut le forcer à négocier en l’attaquant là où ça fait mal : le portefeuille. Le sien et celui des oligarques qui l’entourent. Tout le monde le reconnait, nous ne sommes pas en guerre contre le peuple russe mais contre le régime autocratique à la tête du pays. Et rien ne serait pire que des sanctions à l’encontre de la Russie soient vécues par le peuple russe comme le Traité de Versailles par les allemands…

Réfléchir… C’est construire une solution de paix négociée entre toutes les parties pour concilier au mieux les intérêts de chacun. Et faire cesser au plus vite l’horreur des combats.

La France doit pleinement jouer son rôle dans ce processus, tout en préservant son indépendance et ses intérêts, qui ne sont pas systématiquement alignés avec ceux des Etats-Unis et de l’OTAN.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :