La France est le premier exportateur mondial de pommes de terre, mais le pays est gravement déficitaire en chips et en flocons de purée ! (Lu dans Le Monde Diplomatique de mars 2022)

Exporter des matières premières et importer des produits manufacturés, c’est le propre des déséquilibres économiques des pays en voie de développement
En 2021, la France accuse un déficit commercial de 84,7 milliards d’euros, un record historique, du fait notamment de la hausse des importations en énergie et en produits manufacturés. Nous avons un problème de compétitivité !
La cause est évidente : les salariés français sont des fainéants, trop payés, pas assez productifs… Sauf que…les statistiques prouvent l’inverse.
En réalité, le problème de compétitivité est dû à des choix faits dans les années 1980-1990. Des choix faits par les énarques des ministères et les « grands patrons », souvent issus des mêmes écoles. Leur discours, c’était : « L’industrie, c’est fini. Maintenant, c’est les services et la finance. »

Nous souhaitons être très bientôt une entreprise sans usines (…). Il n’y aura pas de drames sociaux
M. Serge Tchuruk, patron d’Alcatel, louant la sous-traitance, à Londres, le 26 juin 2001. Deux ans plus tard, le groupe français ne compte plus que 58 000 salariés et 30 sites industriels, contre respectivement 150 000 et 120 avant. En 2015, Alcatel est racheté par Nokia.
Résultat ? Désindustrialisation, tertiarisation, poids croissant de la consommation, de l’immobilier, des loisirs et du tourisme.
Dans leur livre « La France sous nos yeux », Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely, donnent de nombreux exemples concrets de la transformation des villes françaises.
Ainsi, Fécamp qui était un port de pêche, est devenu un port de plaisance, où l’hôtellerie et le tourisme ont remplacé les pêcheries et les ateliers de transformation du poisson.
La Ciotat, fleuron des chantiers navals industriels s’est tournée vers l’immobilier et « l’art de vivre ». Le centre d’apprentissage Louis-Benet qui formait les futurs ouvriers qualifiés du chantier naval s’est tourné vers les filières typiques de l’économie des services : coiffure, vente et même le toilettage canin (« une spécialité unique dans le sud de la France » !).

On pourrait multiplier les exemples de ces villes où les entrepôts logistiques ont remplacé les usines, où les plus gros employeurs sont désormais l’hypermarché, l’hôpital ou la mairie.
La crise sanitaire nous l’a rappelé : un pays qui ne produit pas assez ne maîtrise pas son destin !
Bien sûr, l’objectif n’est pas de viser l’autarcie mais il est nécessaire de viser l’autosuffisance dans certains domaines : l’énergie, l’alimentation, les médicaments… et d’autres productions dont il faudrait discuter filière par filière.
Mais le pilotage de cette réindustrialisation ne doit pas être laissé au marché. Cela ne doit pas être un prétexte à poursuivre les politiques néolibérales « d’attractivité » menées depuis 2017 : baisse des impôts sur les sociétés, baisse des cotisations sociales, affaiblissement du droit du travail, …
Au contraire, il faut une planification par l’Etat. Même le président du Medef le dit !
Je pense que l’État n’est pas illégitime à planifier, au sens non pas de “faire à la place de”, mais de celui de prévoir.
Geoffroy Roux de Bézieux, L’intendance suivra ! De Gaulle et l’économie, Robert Laffont, 2021.
C’est ce que propose l’Avenir en commun !
- Instaurer un protectionnisme écologique et solidaire pour produire en France et assurer notre indépendance
- Investir pour lancer la bifurcation de notre économie
- Organiser le 100% d’énergies renouvelables en 2050 et la rénovation énergétique
- Souveraineté alimentaire et révolution agricole : pour une agriculture écologique et paysanne
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