Quelqu’un a répondu « Oui ! » il y a quelques jours. Et ce n’est pas un bolchévique radicalisé !

Il s’agit du milliardaire Elon Musk, qui a décidé, après le rachat de Twitter pour 44 milliards d’€, de sortir l’entreprise de la Bourse. Ce sera effectif le 8 novembre semble-t-il.
La Bourse n’est-elle donc pas cet univers merveilleux qu’on nous a vendu dans les années 1980, lorsqu’il fallait à tout prix déréguler et libéraliser les marchés financiers ? Cela devait soi-disant faciliter le financement des entreprises. En France, il fallait absolument mettre un terme aux « rigidités » et aux « cloisonnements » du système de financement administré hérité de l’après-guerre au sein duquel l’Etat jouait un rôle actif.
Contrairement à ce que l’on voudrait encore nous faire croire, la Bourse ce n’est pas le lieu où les petits épargnants font fructifier leurs économies en finançant les entreprises. C’est l’univers d’un petit nombre d’investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances-vie) qui cherchent à rentabiliser leurs fonds en pressurant les entreprises, avec ce que cela implique en matière de délocalisation, mise en coupe réglée des PME sous-traitantes, pression sur les salaires, licenciements boursiers…
Mais au fait, la Bourse ça concerne quelles entreprises ?
En France, il y a plus de 4 millions d’entreprises, mais seulement environ 800 sont cotées à la Bourse de Paris, pardon à « Euronext Paris ». La Bourse ne concerne finalement que 0,02% des entreprises !
Le crédit bancaire demeure toujours la source principale de financement des entreprises françaises. C’est même quasiment la seule source de financement des PME et des TPE, hormis les cas exceptionnels de quelques « start’ups ».
Si on regarde les chiffres de plus près, on s’aperçoit que les émissions nettes d’actions en France sur les 12 derniers mois ont été…négatives à hauteur d’environ 730 millions d’€. C’est-à-dire qu’il y a eu plus de rachats d’actions que d’émissions. En d’autres termes la Bourse n’a pas fourni de ressources aux entreprises, elle en a consommé ! Même si cette situation est exceptionnelle, le niveau de financement des entreprises par la Bourse reste faible, à hauteur de quelques milliards d’€ par an
Ces montants sont à comparer avec les montants totaux échangés à la Bourse… A Paris, c’est 4,7 milliards d’€ par…jour. Soit environ 1 200 milliards d’€ par an !
Mais où va tout cet argent si les entreprises n’en profitent pas ?

En fait, il faut distinguer le marché primaire et le marché secondaire.
Le marché primaire, c’est lorsqu’une entreprise émet une action pour la première fois. Elle la « vend » et reçoit en contrepartie de l’argent qui contribue à son financement. Et on a vu que cela était très marginal.
Le marché secondaire, c’est le marché de l’occasion. C’est là que les investisseurs institutionnels revendent les actions qu’ils ont acheté, en espérant bien sûr les revendre plus chères qu’ils les ont achetées et réaliser ainsi une plus-value ! Mais cela n’apporte rien à l’entreprise.
Si on fait le comparatif avec le marché automobile, quand vous achetez une Peugeot d’occasion, cela ne rapporte rien à Peugeot puisque c’est le propriétaire actuel qui encaisse vos sous ! Eh bien à la Bourse, c’est pareil, quand vous achetez une action Peugeot, cela ne finance pas l’entreprise Peugeot mais cela rapporte à celui qui vous vend l’action.
C’est pour cela qu’il ne faut pas parler « d’investisseurs » en Bourse, mais de « rentiers » qui cherchent à faire fructifier leur capital.
Et ce petit monde est particulièrement…petit ! En 2019, en France, 3 900 foyers (0,01 % des foyers) concentrent 76 % des plus-values.
Donc, je suis d’accord avec Elon Musk…On peut se passer de la Bourse ! C’est un casino qui n’apporte rien à l’économie. On peut même dire qu’elle la parasite en canalisant les ressources financières vers la rente et la spéculation plutôt que vers l’investissement.
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