• DESERTIFICATION MEDICALE : ON PEUT AGIR !

    Le dossier paru dans l’édition du 12 novembre de Midi Libre pointe une nouvelle fois la question de l’inégalité d’accès aux soins. C’est un fait malheureusement connu : les déserts médicaux impactent des millions de Français, que ce soit dans le monde rural ou dans certains quartiers de grandes villes. Une récente étude de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) estime même qu’il est six fois plus difficile de consulter un médecin en milieu rural qu’en ville.

    Une fois que l’on a fait ce triste constat, que faire ?

    Supprimer le numerus clausus ? Cela prendra du temps avant de faire sentir ses effets, compte tenu de la durée de formation des médecins. Et puis, si la question du nombre de médecins est centrale, il ne faut pas oublier que leur répartition sur le territoire est déséquilibrée avec des zones sur-dotées. Par rapport à la moyenne nationale de 0,83 médecin généraliste (MG) pour 1.000 habitants, deux bassins de vie ruraux sur trois sont déficitaires (soit un manque de 3.388 MG) et, à l’inverse, des bassins de vie urbains sont excédentaires (au total de 2.266 MG), selon les données de l’étude.

    Les incitations financières : primes, exonérations de cotisations… ? Elles ont été pointées par la Cour des Comptes et l’Assurance Maladie pour leur inefficacité, en raison de nombreux effets d’aubaine. Et puis réduire la question de l’installation à la seule question financière oublie les préoccupations autour de la qualité de vie.

    Face à ces impasses, de plus en plus de voix s’élèvent pour proposer d’en finir avec la liberté d’installation des médecins libéraux. En gros, il s’agirait d’obliger les médecins, à l’issue de leurs études, à aller s’installer là où il y a un besoin. Comme c’est le cas pour les enseignants, les policiers et la plupart des fonctionnaires de l’Etat.

    S’agissant d’un service public, je pense en effet que l’installation des médecins doit être régulée. Mais je ne suis pas (plus) favorable à une obligation « sèche ». En effet, quand on oblige un fonctionnaire (enseignant, policier…) à aller occuper un poste, il n’est pas seul. Il s’inscrit dans un collectif de travail. Il a des collègues, une hiérarchie sur qui s’appuyer. Et la collectivité lui fournit les moyens de travailler. Obliger un jeune médecin à aller s’installer seul dans un lieu inconnu, lui imposer d’investir dans un cabinet, du matériel ne me paraît pas juste.

    C’est pourquoi l’encadrement de la liberté d’installation doit s’accompagner du salariat. Ainsi, à l’issue de leurs études, les jeunes devraient être tenus d’exercer pendant 5 ans comme salarié dans un centre public de santé. Ainsi, ils n’auraient pas d’investissement matériel à réaliser, ils s’inscriraient dans un collectif de travail, pourraient se concentrer sur la seule pratique médicale. Et il y a fort à parier qu’à l’issue des 5 ans, beaucoup choisiraient de rester !

    Car les attentes des médecins changent. Et les centres publics répondent à ces nouvelles attentes : salariat, travail en équipe, possibilité de faire de la prévention, diversité des activités, horaires adaptés, pas de tâches administratives et de gestion de locaux….

    Il faut se rendre à l’évidence. Aujourd’hui, c’est fini le médecin de famille qui passait sa vie au travail, que l’on pouvait appeler à toute heure du jour et de la nuit. Aujourd’hui, les médecins veulent concilier leur vie professionnelle avec leur vie de famille, avoir des loisirs, des vacances. Et c’est légitime !

    Nous avons trop longtemps fait reposer un service public, la santé de proximité, sur la bonne volonté d’acteurs privés : les médecins libéraux (qui n’ont d’ailleurs de libéraux que le nom puisqu’ils sont payés par la Sécu). Aujourd’hui, il est temps de reconnaître que cela ne fonctionne plus, il faut que la puissance publique reprenne les choses en main.

    L’époque de l’exercice solitaire et libéral de la médecine est révolue ! Le temps de la tarification à l’acte et de la liberté d’installation également. Mais avant de vouloir en finir avec la liberté d’installation, il faut créer un service public de santé de proximité, qui s’appuie sur un maillage territorial de centres de santé.

    Et c’est là que les collectivités locales, avec l’appui de l’Etat, ont leur rôle à jouer. Les communes, bien sûr, comme nous l’avons fait à Capestang avec notre centre municipal de santé ouvert en 2016 et qui compte désormais 4 médecins et 3 secrétaires médicales.

    Mais aussi et surtout les Départements, comme l’a fait la Saône et Loire avec un centre départemental de santé qui salarie une cinquantaine de médecins généralistes, réparti dans plusieurs antennes locales.

    J’avais proposé la création d’une telle structure dans l’Hérault au moment de la campagne des départementales de 2021, mais pour l’instant cela n’a pas rencontré d’écho…

    On peut, on doit agir dès aujourd’hui ! Pourquoi pas, par exemple, se saisir des difficultés rencontrées par la maternité de Ganges, menacée de fermeture, pour expérimenter une gestion publique de cette structure qui associerait les collectivités : intercommunalité, département, région…

    Les élus doivent s’emparer de ces sujets qui sont des attentes fortes et quotidiennes de nos administrés. Depuis des années, nous mettons la poussière sous le tapis sans avoir le courage politique de prendre ces sujets à bras le corps, en espérant des solutions miracles qui viennent « d’en-haut » (numérus clausus, incitations financières…).

  • REPONSE AU SENATEUR JEAN-PIERRE GRAND…

    Le sénateur Jean-Pierre Grand nous a adressé une « Lettre aux Héraultais ».

    Voici ma réponse…

    Monsieur le Sénateur,

    J’ai reçu votre « Lettre aux Héraultais » du 2 novembre 2022 et je vous en remercie.

    Je me permets de vous livrer ici les quelques réactions qu’elle m’inspire.

    Vous semblez regretter que le Président de la République ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée Nationale. Cette situation ne tombe pourtant pas du ciel, elle provient du résultat souverain des élections de juin 2022.

    Cela traduit le fait que les politiques menées durant le quinquennat 2017-2022 n’ont pas été aussi bénéfiques aux français que vous le pensez. Dans le cas contraire, ils auraient reconduit la majorité absolue en faveur du Président Macron.

    Dès son élection en 2017, Emmanuel Macron s’est en effet empressé d’alléger la fiscalité sur les plus riches avec la transformation de l’ISF en IFI, l’instauration du PFU, la suppression de l’exit-tax, pour un coût total pour les finances publiques d’environ 5 milliards d’€.

    En même temps (!), les APL ont été diminuées de 5 € par mois, les contrats aidés ont été supprimés, 17 600 lits d’hôpitaux ont été fermés…

    Vous évoquez les mouvements sociaux violents auxquels le pays a été confronté. Mais le mouvement des « gilets jaunes » ne trouve-t-il pas son origine dans une mesure injuste d’augmentation des taxes sur les carburants qui pénalisait principalement les classes populaires de la France périphérique ?

    En tant que Sénateur, vous êtes un ardent défenseur des collectivités locales. Et en ce domaine aussi, il y a à redire, avec la diminution de l’autonomie financière des collectivités due à la suppression de la Taxe d’habitation, de la CVAE et le retour des « contrat de Cahors » dans une version durcie…

    Les communes et leurs élus, confrontés à la baisse de leurs moyens et au recul des services publics, se sentent abandonnés. Nous sommes obligés de déployer des trésors d’inventivité et d’énergie pour pallier à ces manques. Ainsi, dans ma commune de Capestang, nous avons créé un Centre Municipal de Santé qui compte désormais 4 médecins salariés, pour faire face à la désertification médicale. C’est ce genre de sujets qui sont le quotidien des élus locaux et des Français. Je pense que vous feriez œuvre utile en les portant au débat du Sénat.

    Quand vous écrivez qu’avant 2020, la vie s’écoulait « sans conséquences majeures et durables pour notre vie quotidienne », vous semblez oublier les quelque 5 millions d’inscrits à Pôle Emploi, les près de 9 millions de pauvres, les millions de nos compatriotes qui sont mal-logés ou en précarité énergétique et toutes celles et ceux qui ne peuvent vivre dignement de leur salaire…

    C’est tout cela qui a engendré la montée du Rassemblement National, qui compte désormais 89 députés. Emmanuel Macron, qui s’était présenté en 2017 comme un barrage au RN, est devenu par les politiques qu’il a menées pendant son premier quinquennat, un véritable tremplin pour cette droite extrême.

    Vous évoquez la prétendue collusion entre la NUPES et le RN sur le vote de la motion de censure, mais le fait que le RN vote avec les députés Renaissance contre le SMIC à 1500 € et le gel des loyers ne vous a pas choqué outre mesure. Le bloc bourgeois sait toujours se retrouver quand il s’agit de faire barrage aux mesures favorables aux classes populaires.

    De toutes façons, le parlementaire aguerri que vous êtes, sait bien que le vote du RN est stratégique et vise avant tout votre parti d’origine, Les Républicains. Le vote du RN en faveur de la motion de censure met en évidence que Les Républicains sont devenus la béquille du pouvoir macroniste. Cela permet au RN de grignoter encore des voix dans l’électorat de la droite dite « modérée ».

    Car en définitive il est clair que le RN n’a rien à voir, dans ses propositions, avec la NUPES que ce soit en matière de répartition des richesses, de services publics, de transition écologique…

    S’il en fallait une preuve supplémentaire, les propos du député RN De Fournas lors de l’intervention du député LFI Martens Bilongo, montrent le fossé qui sépare la NUPES du RN.

    Pour terminer, je pense que la situation actuelle, pour grave qu’elle soit, ne justifie pas de donner un blanc-seing au Président Macron. Personne n’a le monopole de la République et s’opposer aux politiques délétères en matière de répartition des richesses, de refus de taxation des surperprofits, de destruction des services publics, de démantèlement de notre protection sociale (réforme de l’assurance chômage et des retraites) est parfaitement légitime et soucieux des intérêts de la Nation.

    Proposer un autre chemin pour notre pays est plus que jamais nécessaire.

    Et même si je n’ai pas eu la chance de devenir parlementaire en juin 2022 (en raison notamment de l’union des droites entre RN, LR et LREM qui s’est faite dans les urnes), je continuerai inlassablement à y prendre toute ma part.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Sénateur, l’expression de mes respectueuses salutations.

    Cordialement,

    Pierre POLARD

    Maire de Capestang

    Vice-président de la C.C. Sud-Hérault

  • PEUT-ON SE PASSER DE LA BOURSE ?

    Quelqu’un a répondu « Oui ! » il y a quelques jours. Et ce n’est pas un bolchévique radicalisé !

    Il s’agit du milliardaire Elon Musk, qui a décidé, après le rachat de Twitter pour 44 milliards d’€, de sortir l’entreprise de la Bourse. Ce sera effectif le 8 novembre semble-t-il.

    La Bourse n’est-elle donc pas cet univers merveilleux qu’on nous a vendu dans les années 1980, lorsqu’il fallait à tout prix déréguler et libéraliser les marchés financiers ? Cela devait soi-disant faciliter le financement des entreprises. En France, il fallait absolument mettre un terme aux « rigidités » et aux « cloisonnements » du système de financement administré hérité de l’après-guerre au sein duquel l’Etat jouait un rôle actif.

    Contrairement à ce que l’on voudrait encore nous faire croire, la Bourse ce n’est pas le lieu où les petits épargnants font fructifier leurs économies en finançant les entreprises. C’est l’univers d’un petit nombre d’investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances-vie) qui cherchent à rentabiliser leurs fonds en pressurant les entreprises, avec ce que cela implique en matière de délocalisation, mise en coupe réglée des PME sous-traitantes, pression sur les salaires, licenciements boursiers…

    Mais au fait, la Bourse ça concerne quelles entreprises ?

    En France, il y a plus de 4 millions d’entreprises, mais seulement environ 800 sont cotées à la Bourse de Paris, pardon à « Euronext Paris ». La Bourse ne concerne finalement que 0,02% des entreprises !

    Le crédit bancaire demeure toujours la source principale de financement des entreprises françaises. C’est même quasiment la seule source de financement des PME et des TPE, hormis les cas exceptionnels de quelques « start’ups ».

    Si on regarde les chiffres de plus près, on s’aperçoit que les émissions nettes d’actions en France sur les 12 derniers mois ont été…négatives à hauteur d’environ 730 millions d’€. C’est-à-dire qu’il y a eu plus de rachats d’actions que d’émissions. En d’autres termes la Bourse n’a pas fourni de ressources aux entreprises, elle en a consommé ! Même si cette situation est exceptionnelle, le niveau de financement des entreprises par la Bourse reste faible, à hauteur de quelques milliards d’€ par an

    Ces montants sont à comparer avec les montants totaux échangés à la Bourse… A Paris, c’est 4,7 milliards d’€ par…jour. Soit environ 1 200 milliards d’€ par an !

    Mais où va tout cet argent si les entreprises n’en profitent pas ?

    En fait, il faut distinguer le marché primaire et le marché secondaire.

    Le marché primaire, c’est lorsqu’une entreprise émet une action pour la première fois. Elle la « vend » et reçoit en contrepartie de l’argent qui contribue à son financement. Et on a vu que cela était très marginal.

    Le marché secondaire, c’est le marché de l’occasion. C’est là que les investisseurs institutionnels revendent les actions qu’ils ont acheté, en espérant bien sûr les revendre plus chères qu’ils les ont achetées et réaliser ainsi une plus-value ! Mais cela n’apporte rien à l’entreprise.

    Si on fait le comparatif avec le marché automobile, quand vous achetez une Peugeot d’occasion, cela ne rapporte rien à Peugeot puisque c’est le propriétaire actuel qui encaisse vos sous ! Eh bien à la Bourse, c’est pareil, quand vous achetez une action Peugeot, cela ne finance pas l’entreprise Peugeot mais cela rapporte à celui qui vous vend l’action.

    C’est pour cela qu’il ne faut pas parler « d’investisseurs » en Bourse, mais de « rentiers » qui cherchent à faire fructifier leur capital.

    Et ce petit monde est particulièrement…petit ! En 2019, en France, 3 900 foyers (0,01 % des foyers) concentrent 76 % des plus-values.

    Donc, je suis d’accord avec Elon Musk…On peut se passer de la Bourse ! C’est un casino qui n’apporte rien à l’économie. On peut même dire qu’elle la parasite en canalisant les ressources financières vers la rente et la spéculation plutôt que vers l’investissement.

  • ASSURANCE CHOMAGE : UNE REFORME PUREMENT IDEOLOGIQUE

    Après une première étape de réforme fin 2021, nous apprenons que le gouvernement entend remettre l’ouvrage sur le métier.

    L’exécutif envisage désormais faire dépendre les conditions d’indemnisation de la situation du marché de l’emploi. « Quand ça va bien, on durcit les règles et, quand ça va mal, on les assouplit » a indiqué le Ministre du Travail Olivier Dussopt.

    Selon lui, il est « insupportable d’être encore à un taux de chômage de 7,4 % et d’avoir dans le même temps un retour unanime des chefs d’entreprises sur les difficultés de recrutement ».

    Bien sûr, dans leur esprit, il n’est pas question d’aller chercher plus loin les causes de ces « difficultés de recrutement » : les gens ne veulent plus bosser parce qu’ils gagnent mieux leur vie au chômage ! C’est aussi simple que ça.

    Il ne leur viendrait pas à l’idée de s’interroger sur les conditions de travail et de rémunération.

    L’exécutif veut faire en sorte que « le travail paye plus que l’inactivité ». Mais, bien sûr, il n’est pas question d’augmenter les salaires, mais plutôt de diminuer encore les conditions d’indemnisation du chômage.

    2021 : Une première réforme MACRON contre les chômeurs

    La réforme de fin 2021 avait déjà dégradé considérablement les critères permettant de bénéficier de droit à l’allocation chômage. Il faut désormais avoir travaillé 130 jours ou 910 heures (soit environ 6 mois) sur une période de 24 mois (ou 36 mois pour les 53 ans et plus) pour pouvoir ouvrir ou recharger des droits à l’assurance chômage. Auparavant, il fallait avoir travaillé 88 jours ou 610 heures (environ 4 mois).

    Par ailleurs, le calcul du salaire journalier de référence (SJR), qui détermine le montant des indemnités chômage, a été lui aussi durci. Auparavant, ce dernier n’était calculé qu’à partir des seuls jours travaillés par le demandeur d’emploi. Mais désormais, le SJR est calculé à partir du revenu mensuel moyen perçu par le demandeur d’emploi sur une période de 24 mois (voire 36 pour les plus de 53 ans). Ce mode de calcul est donc moins favorable aux demandeurs d’emploi, puisque les périodes d’inactivité seront également prises en compte dans le calcul de l’indemnisation. Ce qui baisse fortement le SJR, et donc le montant des allocations chômage, notamment pour celles et ceux qui ont une activité entrecoupée.

    Au final, près de 1,3 millions personnes – principalement celles qui n’ont pas pu travailler à temps plein pendant au moins un an – ont vu leurs droits réduits, voire supprimés. Rappelons au passage que moins de la moitié des 5,9 millions d’inscrits à Pôle Emploi sont indemnisés.

    Avec une indemnité mensuelle moyenne de 960 € par mois, on voit à quel point il était urgent de raboter encore ces « privilèges » exorbitants.

    Mais cela n’était pas encore suffisant pour le Président Macron et son gouvernement. Il faut aller plus loin, aller grappiller encore quelques sous dans la poche des plus précaires pour financer les cadeaux fiscaux aux plus riches !

    Les riches seraient plus entreprenants s’ils payaient moins d’impôts. Les pauvres seraient plus travailleurs s’ils touchaient moins de subsides… Tel semble être le crédo, la philosophie, le mantra des libéraux qui nous gouvernent.

    Un nouveau projet qui s’attaque aux chômeurs plutôt qu’au chômage

    A présent, le gouvernement prévoit de moduler les conditions d’indemnisation en fonction de la situation du marché de l’emploi. Deux critères semblent tenir la corde pour savoir si la situation économique s’améliore. Le premier est l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A (sans aucune activité). Le second est le niveau des embauches. Pour constater l’amélioration du marché du travail, il faut simultanément que :

    • le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi en catégorie A baisse de 130.000 sur six mois consécutifs ;
    • le nombre de déclarations préalables à l’embauche (DPAE) pour des contrats de plus d’un mois, hors intérim, soit supérieur à 2,7 millions sur les quatre derniers mois.

    Se focaliser sur la catégorie A, celle des personnes « totalement » sans emploi est réducteur, dans la mesure où le chômage est désormais un continuum entre inactivité totale, petits boulots, activité à temps partiel… Aujourd’hui, un grand nombre d’inscrit à Pôle Emploi travaillent. Fin juin 2022, parmi les 5,15 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi en France métropolitaine et soumise à l’obligation de recherche d’emploi, près de 2,2 millions travaillent (catégories B et C).

    Un toilettage statistique pour faire croire à la baisse du chômage

    Si le nombre d’inscrits en catégorie A baisse de 15,6% en un an, le nombre d’inscrits en catégorie C (ayant exercé une activité réduite de plus de 78h) a lui augmenté de 3,3%

    Mais, au-delà de cette diversité du chômage, il faut rappeler que sur l’ensemble des sorties de Pôle Emploi, seuls 17% ont pour motif une reprise d’emploi. Contre près de 55% pour « cessation d’inscription pour défaut d’actualisation » ou « radiation administrative ».

    On le voit, la baisse du nombre de demandeurs d’emploi n’est pas forcément directement liée à l’amélioration de la situation économique, mais au « toilettage » des statistiques qui est une pratique courante depuis longtemps…

    Des critères dépourvus de sens

    De plus, prendre pour autre indicateur le nombre de DPAE (déclaration préalable à l’embauche) de plus d’un mois, montre à quel point la baisse de la qualité des emplois a été intégréecomme une fatalité par nos dirigeants. En effet, on estime désormais qu’un contrat de plus d’un mois est un emploi pérenne. Alors que la norme devrait être le CDI.

    Conditionner l’indemnisation de millions de personnes à des indicateurs aussi imparfaits montre le mépris auquel nous faisons face de la part de ce gouvernement. Car derrière les chiffres, il y a des vies humaines, des familles que l’on plonge dans l’incertitude et l’insécurité sociale.

    Et ce sont surtout ceux qui sont déjà le plus en difficulté qui seront les plus touchés. Car n’oublions pas que le taux de chômage des ouvriers est 3 fois supérieur à celui des cadres et celui des employés 2,5 fois.

    L’indemnisation du chômage comme l’ensemble de la protection sociale, avait initialement pour vocation de garantir la sécurité aux plus fragiles d’entre nous. Aujourd’hui, tout est fait pour les pousser à prendre des emplois non conformes à leurs qualifications, dans les secteurs où les conditions de travail sont les plus dégradées.

    Dans cette vision, les causes du chômage résideraient principalement dans l’incapacité des individus à s’adapter, à changer de secteur d’activité, de région du jour au lendemain. Comme s’ils étaient des entités désincarnées, interchangeables, de simples rouages d’une machine économique dont on surveille la santé avec des indicateurs statistiques.

    L’objectif de plein emploi ne peut se réduire à un indicateur purement quantitatif sans considération pour le nombre d’heures travaillées, la rémunération, les conditions de travail.

    S’il y a une différence fondamentale entre la gauche et la droite, elle réside dans la capacité et la volonté d’aborder les problèmes en termes de causalité sociale et pas seulement de responsabilité individuelle.

  • DU « MIDI ROUGE » AU « MIDI BLEU MARINE »

    Dans l’évolution du paysage électoral de la 5ème circonscription de l’Hérault depuis le début de la Vème République, on peut distinguer trois phases :

    • Le « Midi Rouge » : SFIO puis PS et PCF hégémoniques entre 1958 et 1993
    • Le « PS zombie » : PS en survie entre 1993 et 2017
    • Le « saut dans l’inconnu » : montée du RN et explosion de l’abstention à partir de 2017

    Le « Midi Rouge » : SFIO puis PS et PCF hégémoniques entre 1958 et 1993

    Dans les années 1950, il y avait encore une dynamique industrielle, minière et ouvrière dans les Hauts-Cantons de l’Hérault.

    Bédarieux, Clermont-L’Hérault, Lodève et Saint-Pons-de-Thomières sont spécialisés dans l’industrie textile et le travail des peaux (Lodève 8 000 ouvriers pour 8000 habitants, Clermont-L’Hérault 6000 ouvriers pour 4 500 habitants). Sans oublier le bassin minier de Graissessac en activité jusque dans les années 1970.

    De même, la viticulture connaissait un développement important de la coopération. L’Hérault comptera jusqu’à 121 caves coopératives dans les années 1950.

    Tout cela contribuait à créer un sentiment d’appartenance à un collectif, une solidarité. Cela se traduisait par un vote de gauche, SFIO (puis PS) et PCF, très largement majoritaire (plus de 60% au 1er tour)

    Mais les années 1950 ont marqué le déclin industriel des hauts cantons avec la concurrence d’une économie qui se mondialise et l’absence de soutien des pouvoirs publics.

    Des communes comme Saint-Pons-de-Thomières se sont littéralement vidées de leur population (7 300 habitants en 1850, moins de 1 800 aujourd’hui). Lodève comptait plus de 12 000 habitants en 1850, contre moins de 7 500 aujourd’hui. Bédarieux comptait plus de 9 000 habitants en 1930, contre moins de 6 000 aujourd’hui ….

    Avec le développement du marché commun, le vignoble subit la concurrence des vins italiens, grecs, espagnols, ce qui aboutit à une nouvelle crise économique et aux manifestations de Montredon en 1976.

    Cela rentre en résonance avec la fermeture de la sidérurgie et des mines en Lorraine et dans le Nord, l’austérité décidée en 1983 par le gouvernement de Pierre Mauroy, la libéralisation et la concurrence à outrance entérinées en 1986 avec l’Acte unique européen soutenu par Jacques Delors.

    Progressivement, s’installe un sentiment d’abandon des classes populaires par la gauche « de gouvernement ».

    Dans notre territoire viticole, ce sentiment d’incompréhension est sans doute renforcé par la loi Evin de 1991 sur la lutte contre l’alcoolisme, vue par beaucoup comme une « agression » contre la viticulture.

    En 1993, 5 ans après le début du 2ème mandat de François Mitterrand, la 5ème circonscription bascule pour la première fois à droite.

    Le « PS zombie » : PS en survie entre 1993 et 2017 

    Emmanuel Todd qualifiait de « catholiques zombies », des gens ayant hérité d’une culture catholique, mais qui n’ont plus la foi. On peut appliquer cette analyse au PS, qui a perdu progressivement la foi dans la transformation sociale.

    Ainsi, le gouvernement Jospin a plus privatisé que le gouvernement Juppé, alors qu’avant les élections législatives de mai 1997, il affirmait que Thomson, Air France ou France Télécom devaient rester publics…

    Il y a eu aussi les épisodes des fermetures de sites industriels de Renault-Vilvoorde, de licenciements massifs chez Michelin… Lionel Jospin déclarant alors : « l’Etat ne peut pas tout ».

    En 2002, Lionel Jospin assurait que son programme « n’était pas socialiste ».

    Sans doute le divorce a-t-il été totalement consommé en 2005, lorsque que François Hollande et Nicolas Sarkozy ont fait campagne main dans la main pour le « Oui » au référendum sur le Traité constitutionnel européen qui glorifiait la « concurrence libre et non faussée ».

    François Hollande a ensuite enfoncé les derniers clous du cercueil avec son quinquennat catastrophique : loi travail, mise en orbite d’Emmanuel Macron…

    Dans le même temps, le territoire a été transformé en profondeur sous l’effet d’une très forte urbanisation qui a modifié les paysages et l’activité économique : recul de l’agriculture (et notamment de la viticulture) au profit de l’étalement urbain, avec la construction de zones commerciales et de lotissements pavillonnaires.

    Des 121 caves coopératives en 1950, il n’en reste plus que 9. Des 162 000 ha de vignoble en 1974, il n’en reste plus que 86 000 ha en 2010, soit près de la moitié. L’arrachage touche 95% des communes du département. Le secteur le plus touché est bien sûr le biterrois (Béziers, Servian, Capestang…).

    Ces campagnes d’arrachage produisent le même effet que l’arrêt des hauts-fourneaux en Lorraine. C’est tout un pan de l’histoire et de la fierté locales qui est ainsi mis au rebut.

    La fermeture des cafés et des commerces participe à la dégradation de l’image des centres bourgs. Ces fermetures ont eu un impact direct sur l’accès aux services et le sentiment d’exclusion des habitants en zone rurale. Les territoires ruraux ont également connu de nombreuses fermetures de services publics.

    La fragilisation des territoires ruraux s’est accentuée sous l’effet de la métropolisation, qui s’est accompagnée du développement des grandes voies de communication sur le littoral.

    Cela accentue l’éloignement des territoires ruraux des territoires économiques hyperconnectés. Des 100 gares héraultaises en 1968, il n’en reste plus que 19 aujourd’hui…

    Par ailleurs, l’augmentation de la population et l’arrivée massive de nouveaux habitants ont contribué à déstabiliser les modes de vie locaux. C’est l’avènement des « villages dortoirs ».

    Pour autant, le PS a pu se maintenir à flot dans la 5ème circonscription, grâce notamment à un réseau d’élus locaux qui quadrille le terrain. Un peu comme un canard sans tête, il a continué à avancer… jusqu’à l’écroulement…

    Un parti qui ne propose plus un programme crédible au niveau national ne peut pas se maintenir indéfiniment sur le terrain…

    Le « saut dans l’inconnu » : montée du RN et explosion de l’abstention à partir de 2017

    L’élection d’Emmanuel Macron a recomposé le paysage politique. Les libéraux, de droite et de gauche, se sont rassemblés autour de lui. La gauche de transformation sociale s’est regroupée au sein de la NUPES. Le RN regroupe une partie des « fâchés pas fachos » de la France périphérique, ainsi qu’une petite bourgeoisie traditionnelle soutien du FN « historique ».

    Il n’y pas plus d’espace politique pour le PS « canal historique » et les Les Républicains dans ce nouvel échiquier.

    Reste à savoir comment vont évoluer les rapports de force entre les trois nouveaux blocs, qui sont aujourd’hui de poids à peu près égal.

    Dans la 5ème circonscription de l’Hérault, le RN est passé au 1er tour des législatives de… 0 voix en 1981 à 13 806 en 2022. Et depuis 1988, il a plus que doublé son nombre voix.

    Un premier palier a été franchi en 1997, puis un 2ème en 2012, après un creux en 2007 (année où Sarkozy a siphonné le FN avec « la France qui se lève tôt », le » karcher », « travailler plus pour gagner plus »). Et à partir de 2017, le RN est au 2ème tour…et remporte la victoire en 2022.

    Le « Midi Rouge » est devenu le « Midi Bleu Marine ».

    Mais ce n’est pas une fatalité… Nous pouvons reconquérir ces territoires.

    Cela passera par la conviction qu’il n’y a pas de fatalité au déclassement, à la dévitalisation des territoires ruraux. Revitalisation des centres-bourgs parle commerce de proximité, développement des services publics, reconquête agricole et filières de transformation locale pour des emplois de qualité non délocalisables…

    Montrer que la politique peut vraiment répondre aux préoccupations quotidiennes du plus grand nombre.

    Car n’oublions pas que si le RN a gagné des voix, le principal « parti » sur notre circonscription, c’est l’abstention !

  • LE JOUR OÙ LES DIGUES ONT CÉDÉ…

    Le politologue et directeur de recherche au CNRS, Emmanuel Négrier, et le chercheur Julien Audemard ont étudié les reports de voix lors du 2ème tour de l’élection législative sur la 5ème circonscription de l’Hérault.

    Cela m’intéresse d’autant plus que j’ai été candidat à cette élection pour la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale 😊. J’ai été battu par la candidate Rassemblement National par 54,24% contre 45,76% ☹

    Selon eux, les principaux enseignements sont :

    • Les électeurs de Philippe Huppé (En Marche) au 1er tour se sont reportés à près de 50% sur Stéphanie Galzy (RN)
    • Les électeurs d’Aurélien Manenc (PS dissident) se sont reportés à environ 40% sur moi (avec des variations importantes dues aux « particularismes » locaux) et 20% sur la candidate du RN
    • Les électeurs restants de Mrs Huppé et Manenc ont principalement voté blanc ou nul, d’où le niveau très élevé de plus de 12% des votants

    Par ailleurs, le RN a bénéficié du report de Reconquête et d’une bonne partie des Républicains.

    On peut donc dire que les digues ont cédé et que l’union des droites s’est faite dans les urnes… contre la NUPES !

    Alors que la candidate RN n’a pas fait campagne, qu’elle a refusé tout débat, elle a bénéficié de la complaisance de ceux (médias nationaux, candidats d’En Marche et PS dissidents, « grands » élus locaux…) qui ont renvoyé dos-à-dos les soi-disant « extrêmes ».

    En sous-entendant que la NUPES n’était pas une gauche républicaine, cela a affaibli le barrage républicain et rendu le RN fréquentable, notamment pour les électeurs de la droite « traditionnelle »…. Puisque le RN et la droite partagent le même programme économique et social.

    Il faut quand même avoir une boussole idéologique rudement désorientée pour trouver « extrême » ou « anti-républicain » de vouloir augmenter les salaires, reconstruire les services publics, relancer la réduction du temps de travail, faire la justice fiscale, mettre au pas les multinationales…

    Quoiqu’il en soit, en ce dimanche 19 juin 2022, les digues ont cédé dans bon nombre de départements et notamment dans l’ex région Languedoc-Roussillon où 14 députés RN ont été élus (sur 22 circonscriptions). Et cela présage d’une implantation locale du RN de plus en plus forte.

    En particulier dans l’Hérault, quand on regarde sur une carte les votes par commune, on s’aperçoit sur les circonscriptions où la NUPES était face au RN (4ème, 5ème, 6ème, 7ème et 8ème) que le RN est très largement majoritaire (55% à 70 %) dans quasiment toutes les communes de plus de 1000 habitants (hors Montpellier).

    Il y en a quelques-unes qui tiennent encore à gauche :

    • Sète (mais à quelques voix près)
    • Lodève
    • Pézenas
    • Clermont-l’Hérault
    • Gignac
    • Grabels
    • Bédarieux
    • Capestang (un village gaulois dans le biterrois !)
    • Saint-Pons de Thomières

    Ces bastions (et Montpellier pour la 8ème, ainsi que les villages ruraux pour la 4ème) ont permis l’élection de deux députés de la NUPES. Au total, nous avons 3 députés de la NUPES dans l’Hérault, ce qui est un très beau résultat, mais cela demeure fragile…

    Car toute la fraction du péri-urbain, la France dite « périphérique » est désormais acquise au RN… grâce à l’union des droites qui s’est réalisée à ces élections. On pouvait en voir les prémices avec la carte des scores de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

    Désormais l’enjeu pour la NUPES, dans l’Hérault et dans beaucoup de départements, est d’aller à la conquête de la France périphérique. Il faudra convaincre les « fâchés pas fachos » qu’en votant pour le RN, ils votent contre leurs intérêts. Nous devrons aussi chercher à mobiliser les 50% d’abstentionnistes…

    Car si on ne fait pas ce travail de façon structurée et méthodique, à la prochaine dissolution de l’Assemblée (qui semble inéluctable), ce ne sera pas 90 députés RN mais 150 ou 200 !

    Et pensons aussi aux prochaines municipales, départementales, régionales… qui pourraient voir l’apparition de majorités locales RN dans nos villes, départements et régions…

  • ON Y VA !

    Maintenant que les présidentielles sont terminées. On y va !

    💪 Cap sur l’Assemblée pour y faire entendre la voix du Peuple.

    ✅ Avec suffisamment de députés de l’Union populaire, on peut imposer la cohabitation à Macron et appliquer notre programme l’Avenir en commun. Le programme qu’a porté Jean-Luc Mélenchon.

    👉 On en reparle le jeudi 5 mai à 18h00.

    👉 Rendez-vous à Bédarieux, au parc Pierre Rabhi.

    D’ici là, suivez-moi sur Facebook, Instagram, Youtube et sur mon blog Pierrepolard.fr.

    Regardez quand même la vidéo pour en savoir plus ! 👇

  • LES FÂCHÉS PAS FACHOS…

    Mon but n’est pas de donner une quelconque consigne de vote. D’ailleurs quelle serait ma légitimité pour le faire ? D’autant plus que, comme beaucoup d’entre vous, je ne sais pas ce que je ferai le 24 avril, au moment de voter.

    Mais je sais ce que je ne ferai pas : je ne voterai pas pour Marine Le Pen.

    Et je veux m’adresser à ceux que l’on appelle les « fâchés pas fachos » et qui votent pour elle ou sont tentés de le faire. Quant aux autres, les fascistes et les racistes convaincus… De toutes façons ils ne m’écouteront pas !

    Votre argument, les « fâchés pas fachos », c’est de dire « elle est la candidate du Peuple et du pouvoir d’achat » et « on n’a jamais essayé ».

    Je ne vais pas vous dire, comme les bien-pensants et les donneurs de leçons, que vous ne comprenez rien ou que vous votez mal. Je veux m’adresser à votre raison.

     « Elle est la candidate du Peuple et du pouvoir d’achat »… Tout son programme dit le contraire !

    Marine Le Pen prétend faire du pouvoir d’achat sa priorité. Mais dans son fascicule « 22 mesures pour 2022 », le deuxième mot c’est… « immigration « .

    Marine Le Pen ne veut pas augmenter le SMIC, ne veut pas bloquer les prix (la baisse de la TVA ne fera pas baisser les prix), ne veut pas augmenter les impôts des plus riches (au contraire), ne parle pas de logement, de place en crèches, de pauvreté, de précarité… Dans son programme, elle ne parle pas une seule fois des ouvriers, elle ne parle pas de dividende, de temps de travail… Allez vérifier !

    Elle vous promet d’augmenter votre salaire, mais cette augmentation dépendra du bon vouloir des entreprises. Et au prix d’une baisse des cotisations sociales. En gros, c’est l’argent de votre protection sociale qui paiera votre augmentation !

    Elle veut développer les services publics. Mais avec quels moyens ? Elle évoque des économies, mais lesquelles ? Quel montant ? Elle ne parle pas de réforme de la fiscalité. Si ce n’est baisser encore les droits de succession pour les plus riches. Elle parle de lutte contre les fraudes …mais pas de la fraude fiscale, la plus importante.

    Bref, elle ne veut pas changer le système.

    A quoi bon, alors, voter pour elle ?

    « On n’a jamais essayé » … Est-elle un danger pour la République comme le disent certains ? Fera-t-elle un « coup d’État institutionnel » ? Compte-tenu des pouvoirs exorbitants du Président de la République, quelles pourraient être les conséquences de ses décisions en matière de démocratie, de libertés publiques, d’immigration, de préférence nationale ? Franchement, je n’en sais trop rien…mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Voulez-vous prendre ce risque ?

    Moi non !

  • NE PAS BATTRE EN RETRAITE…

    « Trop d’impôt tue l’impôt », « Travailler plus pour gagner plus » …

    Les libéraux sont très forts pour faire passer leur idéologie pour du simple bon sens, pour des évidences. Voire des lois de la nature contre lesquelles il serait inutile de vouloir s’opposer puisqu’il n’y a pas d’autre solution possible.

    C’est ce coup qu’ils sont en train de nous faire aujourd’hui avec les retraites, via leurs représentants à l’élection présidentielle. Ils nous disent : « On vit plus longtemps, donc il faut travailler plus longtemps » !

    Ainsi, 3 « candidats des inégalités » sur 4 proposent de repousser l’âge de départ à la retraite : 65 ans pour Macron et Pécresse, 64 ans pour Zemmour. Quant à Le Pen, comme sur beaucoup de sujets, elle ne dit rien, si ce n’est qu’elle a abandonné son projet de ramener l’âge de départ à 60 ans…

    En effet, nous vivons plus longtemps. L’espérance de vie a progressé depuis 1994 de plus de 3 ans pour les femmes et de plus de 5 ans pour les hommes. Respectivement 85,1 ans et 79,1 ans, malgré un tassement de la progression depuis 2014 et malgré des inégalités selon la catégorie sociale (un cadre a en moyenne six ans d’espérance de vie de plus qu’un ouvrier).

    Mais l’espérance de vie en bonne santé, elle, n’évolue pas de façon aussi nette. Elle est de 65,9 ans pour les femmes et 64,4 ans pour les hommes.

    Ce qui veut dire que repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans revient à condamner bon nombre de Français à ne pas en profiter dans de bonnes conditions. Voire à ne pas en profiter du tout ! 30% des plus pauvres sont déjà morts à 65 ans…

    Au-delà de cet aspect humain de la question, même si l’on aborde d’un point de vue strictement « statistique » l’ineptie du décalage de l’âge légal apparaît.

    Aujourd’hui, environ un tiers des personnes de 60 ans sont au chômage. Pourquoi donc obliger de futurs jeunes retraités à rester des vieux chômeurs ? En leur permettant de partir à 60 ans, on leur permet de profiter sereinement de la vie. En les obligeant à continuer jusqu’à 65 ans, alors que les entreprises les mettent dehors, on les contraint à vivre dans le stress et la précarité.

    De toutes façons, repousser l’âge de départ à la retraite n’aurait de sens que si nous étions au plein emploi. Mais dans la mesure où plus de 6 millions de personnes sont toujours inscrites à Pole Emploi et que les jeunes peinent à trouver un emploi, à quoi bon contraindre ceux qui ont un boulot à continuer plus longtemps ? Laissons-les partir plus tôt et permettons à ceux qui sont privés d’emploi de travailler ! Le gain sera double : des indemnités chômage en moins (même si seulement 1 chômeur sur 2 est indemnisé) et des cotisations retraites en plus.

    En résumé : éradiquons d’abord le chômage avant de penser à la retraite à 65 ans !

    Ne battons pas en retraite face aux arguments erronés des libéraux !

    Le 10 avril, votez pour la retraite à 60 ans, votez pour l’Avenir en commun !

  • LE PRIX DE LA CIVILISATION…

    Attac, dans son rapport « Les candidats des inégalités » rappelle que : « L’imposition des revenus représente 10,6 % du PIB en Allemagne, 11,3 % en Belgique, 10,1 % aux Etats-Unis, 11 % en Italie ou encore 24,3 % au Danemark contre 9,3 % en France. Et encore s’agit-il ici de la somme de l’impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée, dont le rendement est supérieur d’environ 50 milliards d’euros. »

    Il faut le répéter : en France, les impôts sur le revenu ne sont pas plus élevés qu’ailleurs !

    Si le total des prélèvements obligatoires est plus haut que la moyenne, c’est en raison des cotisations sociales. C’est-à-dire d’un choix de société que nous avons fait en 1945 : le financement collectif des dépenses sociales (santé, famille, retraite). Dans les pays qui ont fait le choix d’un financement individuel et privé, ces dépenses n’apparaissent pas dans les prélèvements obligatoires. Pourtant elles existent et elles sont souvent plus importantes !

    Pour  Attac,  « une  réforme  juste visant à rééquilibrer l’imposition des revenus pour la rendre progressive est souhaitable et parfaitement réalisable. Pourtant, d’Emmanuel Macron à Eric Zemmour, aucun des candidat·es cités ici ne propose de renforcer globalement la progressivité de l’impôt sur le revenu, (…).  Tous  en  revanche  formulent  des  propositions en faveur des plus riches.. »

    Rappelons qu’un impôt progressif est un impôt dont le taux augmente quand le revenu augmente. Dans le cadre d’un impôt progressif, quand le revenu double, l’impôt fait plus que doubler. En France, cette progressivité se traduit par des tranches avec des taux pour chacune d’elles. Pour des raisons de « simplification », la réforme Villepin de 2007 a fait passer le nombre de tranche à 5. Il y en avait 14 en 1980. En baissant le nombre de tranche, on diminue la progressivité.

    Pour les libéraux, l’impôt progressif est souvent vu comme « injuste ». Ils voudraient passer à la « flat tax », un impôt à taux unique, appliqué de la même manière à tous les contribuables.

    Je ne vais pas vous expliquer pourquoi un impôt progressif est juste, d’autres plus talentueux que moi l’ont fait depuis bien longtemps !

    Dans l’impôt de la personne, la proportion injuste serait celle qui suivrait exactement la proportion des biens. On avait divisé à Athènes les citoyens en quatre classes. Ceux qui retiraient de leurs biens cinq cents mesures de fruit, liquides ou secs, payaient au public un talent ; ceux qui en retiraient trois cents mesures devaient un demi-talent ; ceux qui avaient deux cents mesures payaient un sixième de talent ; ceux de la quatrième classe ne donnaient rien. La taxe était juste quoiqu’elle ne fût point proportionnelle ; si elle ne suivait pas la proportion des biens, elle suivait la proportion des besoins. On jugea que chacun avait un nécessaire physique égal ; que ce nécessaire physique ne devait point être taxé ; que l’utile venait ensuite et qu’il devait être taxé, mais moins que le superflu ; que la grandeur de la taxe sur le superflu empêchait le superflu.

    Montesquieu, L’esprit des lois

    Celui qui n’a que le simple nécessaire ne doit rien payer du tout ; la taxe de celui qui a du superflu peut aller au besoin jusqu’à la concurrence de tout ce qui excède son nécessaire

    Jean-Jacques Rousseau

    Une contribution simplement proportionnelle n’est-elle pas plus lourde pour le peuple que pour le riche ?

    Jean-Baptiste Say, économiste libéral

    A ceux qui voient dans l’impôt un fardeau injuste, voire une confiscation injustifiable du fruit de leur travail, rappelons ce que disait Henry Morgenthau, secrétaire au Trésor sous la présidence de Roosevelt :

    Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais

    Le milliardaire Warren Buffet ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme :

    Je pense que la société est responsable d’un pourcentage significatif de ce que j’ai gagné. Plantez-moi au milieu du Bangladesh, du Pérou ou d’ailleurs, et vous verrez ce qu’est réellement capable de produire mon talent dès lors qu’il lui faut s’exercer sur le mauvais type de sol. Dans trente ans, je serais encore en train de lutter.

    Parce que nous ne voulons pas d’une civilisation au rabais, L’Avenir en commun propose de donner les moyens à la société de financer ce qui est nécessaire à tous.

    Notre fiscalité doit être entièrement refondée sur des bases claires et justes, en appliquant le principe de progressivité : plus on gagne d’argent, plus on contribue au bien public !

    N’hésitez pas à simuler les effets des réformes de L’Avenir en commun :

    Le 10 avril, votez pour la justice fiscale !

    Les principales mesures de l’Avenir en commun :

    • Rendre l’impôt sur le revenu plus progressif avec un barème à 14 tranches contre 5 aujourd’hui
    • Rendre la CSG progressive avec 14 tranches
    • Augmenter les droits de succession sur les plus hauts patrimoines en comptabilisant l’ensemble des dons et héritages reçus tout au long de la vie et créer un héritage maximal de 12 millions d’euros (soit 100 fois le patrimoine net médian)
    • Réduire la TVA sur les produits de première nécessité et réinstaurer une « TVA grand luxe » pour la financer
    • Refonder la taxe foncière pour la rendre progressive et que chacun paie à hauteur de son patrimoine total réel
    • Mettre fin au quotient conjugal, système patriarcal favorisant les inégalités salariales entre les femmes et les hommes, remplacer l’injuste quotient familial fiscal actuel par un crédit d’impôt par enfant que pourraient toucher toutes les familles