Les déserts médicaux impactent des millions de Français, que ce soit dans le monde rural ou dans certains quartiers de grandes villes. Ne pas pouvoir se faire soigner correctement est un stress quotidien. Cela alimente aussi le sentiment de relégation, de déclassement, d’être des citoyens de « seconde zone ».

Je vais vous raconter (rapidement) pourquoi et comment nous avons créé à Capestang un centre municipal de santé qui compte aujourd’hui 4 médecins salariés et 3 secrétaires médicales. J’essayerai ensuite de vous expliquer (modestement) pourquoi c’est la meilleure solution contre la désertification médicale !
Quand j’ai été élu maire en 2014, Capestang risquait, comme bon nombre de communes rurales, d’être touchée à court ou moyen terme par la désertification médicale.
Il fallait agir… Après des mois de recherche infructueuse de médecins libéraux, nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes. Fin 2015, nous avons décidé la création d’un Centre Municipal de Santé (CMS), le premier dans l’Hérault. Il a ouvert ses portes le 1er octobre 2016, avec 2 médecins et 2 secrétaires. Il compte aujourd’hui 4 médecins et 3 secrétaires. En 2021, nous avons réalisé plus de 14 000 consultations !
Le principe est simple. Toute l’équipe du CMS, les médecins et les secrétaires médicales, sont salariés de la Commune. Notre centre, habilité en tant que structure de soin auprès de l’Agence Régionale de Santé, encaisse le prix des consultations auprès de la Sécurité Sociale et des Mutuelles. Ces recettes compensent les coûts de fonctionnement.

Ce service permet de répondre aux attentes de la population en matière de services de santé de proximité, avec le tiers-payant généralisé, une amplitude de consultation de plus de 10 heures par jour, des consultations le samedi matin. Il permet aux médecins de se recentrer sur le cœur de leur métier : la pratique médicale. Toutes les tâches administratives sont prises en charge par les secrétaires médicales. L’exercice collectif permet aussi de confronter leur expérience, l’organisation retenue leur permet de préserver leur qualité de vie.
Bien sûr, il existe d’autres solutions pour lutter contre la désertification médicale :
- La suppression du numerus clausus (nombre maximal de médecins formés chaque année). Cela prendra du temps avant de faire sentir ses effets, compte tenu de la durée de formation des médecins. Et puis, si la question du nombre de médecins est centrale, il ne faut pas oublier que leur répartition sur le territoire est déséquilibrée avec des zones sur-dotées.
- Les incitations financières : primes, exonérations de cotisations…. Elles ont été pointées par la Cour des Comptes pour leur inefficacité, en raison de nombreux effets d’aubaine. Et puis réduire la question de l’installation à la seule question financière oublie les préoccupations autour de la qualité de vie.
- L’encadrement de la liberté d’installation. Elle se traduirait par l’interdiction pour les médecins de s’installer dans certaines zones ou l’obligation de s’installer dans les déserts médicaux. Cela occasionnerait forcément des tensions et des conflits.
Il faut partir de la réalité de la situation. Aujourd’hui, c’est fini le médecin de famille qui passait sa vie au travail, que l’on pouvait appeler à toute heure du jour et de la nuit. Aujourd’hui, les médecins veulent concilier leur vie professionnelle avec leur vie de famille, avoir des loisirs, des vacances. Et c’est légitime !
Nous avons trop longtemps fait reposer un service public, la santé de proximité, sur la bonne volonté d’acteurs privés : les médecins libéraux (qui n’ont d’ailleurs de libéraux que le nom puisqu’ils sont payés par la Sécu). Aujourd’hui, il est temps de reconnaître que cela ne fonctionne plus, il faut que la puissance publique reprenne les choses en main.
Pour les jeunes médecins, les centres publics de santé cochent toutes les cases : salariat, travail en équipe, possibilité de faire de la prévention, diversité des activités horaires choisis, pas de tâches administratives et de gestion de locaux. Les freins à l’installation dans un territoire rural (solitude, horaires interminables, nécessité d’investir dans du matériel et des locaux…) sont levés !
Il faut donc créer un service public de santé de proximité, qui s’appuie sur un maillage territorial de centres de santé. C’est que propose L’Avenir en commun.
Les 10 et 24 avril, voter pour L’Avenir en commun, c’est voter pour la fin des déserts médicaux !
Pour finir, un petit bonus sans rapport avec l’article (si ce n’est le titre !)
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